C'est un mode de production agricole qui privilégie la prévention, qui exclut l'utilisation de produits chimiques de synthèse (pesticides et engrais), d'OGM et qui repose sur le recyclage des matières organiques.
Autrement dit, produire en bio c'est privilégier le respect des équilibres biologiques naturels et l'autonomie des systèmes de production, c'est adapter sa production au potentiel local pour produire de façon rentable et durable.
Initié dans les années 1920, le concept de l'AB repose sur des principes éthiques et écologiques et souhaite promouvoir un mode de production alternatif. Dans les années 70, l'émergence de nouvelles questions sociétales (environnement et santé) en réaction notamment à l'essor de l'agrochimie, favorise le développement de l'agriculture bio.
En France, elle est reconnue officiellement depuis 1981. Depuis 2015, le développement considérable de l'agriculture bio lui a permis de trouver sa place dans le paysage agricole français avec près de 1,8 millions d'hectares certifiés AB en 2017.
En pratique
Les termes « bio » et « agriculture biologique » sont réglementés et ne peuvent pas être utilisés si l'opérateur (producteur, distributeur…) n'a pas fait l'objet d'une certification en Agriculture biologique (AB).
Le règlement de l'Agriculture Biologique, valable au niveau européen, est le plus exigeant et le plus contrôlé de l'agriculture française. Il garantit le respect des règles de production, de transformation, d'étiquetage, de distribution, et d'importation de produits bio.
A tous les échelons de la filière (de la production à la distribution), les opérateurs sont systématiquement contrôlés par des organismes indépendants agréés par les pouvoirs publics. Des contrôles inopinés et des analyses d'échantillons prélevés ont également lieux et permettent, en cas de pollutions chimiques ou de contaminations transgéniques décelées, de déclasser les produits (perte de l'appellation AB).
Par ailleurs, une période de conversion est obligatoire pour que des terres produisent en bio. Pendant deux à trois ans, la production respecte le cahier des charges mais n'est pas commercialisée sous l'appellation AB.
L'agriculture bio ne prétend garantir un environnement exempt de toute pollution. Mais grâce à ces contrôles stricts et réguliers, le logo AB garantit des produits exempts de pesticides ou d'engrais de synthèse.
Le logo bio est garant d'un mode de production respectueux de la santé, de l'environnement et du bien-être animal. |
N'utilisant pas de molécules de synthèse, l'AB ne pollue pas par les pesticides ou les engrais chimiques. Comme le montrent des expertises scientifiques, les pratiques bio ont un impact positif sur l'ensemble des composantes de l'environnement :
Atout intrinsèque des fermes bio, la biodiversité a toute sa place dans ces dernières : Par leurs productions variées, les fermes bio participent au maintien de la biodiversité domestique : pas de monocultures mais une diversité d'espèces végétales et de races animales adaptées au milieu.
De plus, elles s'appuient directement sur les services rendus par la biodiversité naturelle et les éléments de l'agro-écosystème (sols, haies…). Les sols sont « plus vivants », la faune participe activement à leur fertilité. Pas d'insecticides : les insectes auxiliaires sont ainsi préservés et peuvent contribuer à la santé des cultures (pollinisation des fleurs, lutte biologique…).
Résultats de 21 ans d'essais DOC :
Le bio améliore la fertilité du sol et la biodiversité
Dossier IRAB / FIBL, 2001
En Bourgogne, on observe une contamination généralisée des eaux superficielles et fréquente (50 à 60% des prélèvements) des eaux souterraines (source : Agence Régionale de Santé, PRSE 2011-2015). De nombreux captages d'eau potable ont été abandonnés ces dernières années pour cause de pollutions par les pesticides et les nitrates. Le secteur agricole n'est certes pas le seul en cause dans ces pollutions mais reste le plus gros consommateur de produits phytosanitaires (90 % du tonnage nationale). En France, les coûts de potabilisation de l'eau contaminée par les excédents d'azote et de pesticides d'origine agricole engendrent une dépense additionnelle de 1 000 à 1 500 millions d'euros, qui peut représenter jusqu'à 500 €/an de surcoût sur la facture d'eau des ménages (chiffres 2011, Commissariat général au développement durable).
Les pratiques bio préservent les nappes d'eau :
Des expériences comme celle de la ville de Munich le prouve : le soutien du développement de l'agriculture biologique coûte 28 fois moins cher que la dépollution de l'eau.
Limiter la consommation d'énergie est devenu l'un des enjeux majeur du 21ème siècle. Le modèle agricole actuel est responsable de 30 % des émissions actuelles de gaz à effet de serre. En agriculture conventionnelle, les engrais chimiques azotés et les aliments concentrés constituent les plus importants postes de consommation énergétique des fermes D'une manière générale, parce qu'elle a recours à une fertilisation organique et qu'elle recherche l'autonomie alimentaire du bétail, l'agriculture biologique est économe en énergie.
L'agriculture biologique ne nécessite pas la manipulation de produits dangereux et limite donc les maladies qu'ils peuvent entraîner pour les agriculteurs, leurs enfants et plus largement les personnes en milieu rural. En effet, de nombreuses études permettent d'établir un lien entre l'exposition aux pesticides et le développement de certaines maladies (tumeurs cérébrales, leucémies, maladie de parkinson, malformations génitales…). Selon les types de cancer, les risques d'en développer sont 1,5 à 4 fois plus importants chez les agriculteurs (source revue du praticien – dossier médecine agricole, 2007).
Evaluation nutritionnelle et sanitaire des aliments issus de l'agriculture biologique, AFSSA (Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments), juillet 2003
Publication "Le revers de notre assiette", Solagro 2019
En moyenne, les produits bio apparaissent plus chers au niveau du panier du consommateur. Le surcoût au porte-monnaie varie entre 0 et 50 % selon son degré de transformation et selon qu'il soit acheté chez le producteurs, en magasins spécialisés ou en grandes surfaces. Ce surcoût s'explique par différents facteurs :
Moins intensive, la production en AB a des rendements moindres et nécessite plus de main d'œuvre.
Les faibles volumes commercialisés et la dispersion géographique des fermes limitent l'abaissement des coûts logistiques (transformation, conditionnement et transports). Les contrôles et la certification sont payants Globalement, l'agriculture biologique bénéficie de moins d'aides que l'agriculture conventionnelle (20% de moins en moyenne selon la FNAB).
Cependant, les prix des aliments issus de l'agriculture conventionnelle sont artificiellement bas, car ils n'intègrent pas les coûts indirects, supportés par la collectivité, liés aux dégâts environnementaux (pollutions de l'eau, de l'air, des sols), sociaux (diminution des emplois dans le secteur agricole) et sanitaires (coût de prise en charge des maladies dues aux molécules nocives).
De nouveaux modes de distribution, permettant d'acheter des produits bio à des prix analogues à ceux des produits conventionnels, sont en plein développement : vente directe, vente en paniers, groupements d'achats, coopératives…
Enfin, d'autres solutions existent pour arriver à des dépenses alimentaires bio égales à celles d'un panier d'aliment conventionnel : modifier ses habitudes alimentaires (par exemple, privilégier des produits peu transformés, les fruits et légumes de saison), éviter le gaspillage…
Les techniques de l'agriculture biologique s'appuient à la fois sur des connaissances traditionnelles et des innovations techniques et doivent surtout s'adapter au potentiel local. Les maîtres mots sont observation et prévention. Les pratiques et les profils des fermes bio sont variés. Les visites de fermes et les échanges entre agriculteurs permettent la transmission de ces techniques. Un nombre croissant d'agriculteurs font le choix de la conversion et parviennent à s'approprier les techniques agrobiologiques pour adapter leur système à la conduite en bio. Les changements de pratiques sont plus ou moins importants selon le point de départ, mais une fois acquis, les risques ne sont pas accrus. En élevage bio par exemple, il n'y a pas plus de problèmes sanitaires. De plus, l'autonomie et la diversité des productions permet de diminuer les risques liés aux aléas climatiques et aux fluctuations des marchés. Faisable techniquement, l'agriculture biologique est également rentable. Le groupe CER France établit chaque année une analyse de groupes des exploitations converties à l'agriculture biologique sur les régions Bourgogne et Champagne-Ardenne. Globalement, la production est moindre mais mieux valorisée et les charges opérationnelles sont inférieures, ce qui permet aux systèmes laitier, polyculture élevage et grandes cultures de vente d'obtenir des résultats économiques équivalents voire meilleurs aux systèmes conventionnels.
Le nombre de fermes a été divisé par 3 en 30 ans, Le recul des surfaces agricoles est considérable : plus de 100 000 ha abandonnés et plus de 66 000 ha artificialisés entre 1982 et 2003. Parallèlement, le nombre d'actifs dans le secteur agricole diminue de 3 % par an depuis 1988 (chiffres du ministère de l'agriculture). Parce qu'elle a recourt à plus de main d'œuvre (30 % en moyenne), l'agriculture biologique favorise l'emploi dans les zones rurales. Elle favorise également les circuits courts et la vente directe. Outre la garantie d'une meilleure traçabilité et l'économie de transport, la consommation de proximité permet de créer des liens entre producteurs et consommateurs et de revitaliser la vie locale. Par les services que l'agriculture biologique rend (préservation des ressources naturelles et protection de la santé), le travail des agriculteurs est aussi mieux valorisé.
Reposant sur des intrants coûteux et fortement consommatrice d'énergie, l'agriculture largement pratiquée aujourd'hui n'apparaît pas comme le meilleur choix pour bon nombre d'experts. De plus, l'utilisation des produits phytosanitaires n'a cessé d'augmenter en 20 ans alors que les rendements stagnent voir diminuent dans certaines régions du monde.
Plusieurs études dont celles de la FIBL (institut de recherche pour l'AB en Suisse) et du professeur Per Pinstrup Andersen, de l'université de Cornell (Etats-Unis), montrent que le rendement de l'agriculture biologique peut atteindre 80 % du rendement de l'agriculture conventionnelle en moyenne dans les systèmes de production à fort niveau d'intrants. A l'inverse, les rendements sont pratiquement doublés avec l'agriculture biologique dans les pays en développement où l'agriculture est actuellement à faible niveau d'intrant. Comme il a été rappelé au sommet de la FAO (organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture) en 2007, le développement de l'agriculture biologique dans les pays en développement permet d'augmenter les emplois et les revenus, de favoriser les approvisionnements alimentaires locaux et d'améliorer les apports en nutriments. Il contribue de ce fait à enrayer la sous-nutrition.
Enfin, la question de la sécurité alimentaire ne se résume pas à la simple production agricole, la preuve en est : tandis que les approvisionnements alimentaires sont suffisants, 1 milliard de personnes souffrent de la faim. L'agriculture industrielle ne semble pas parvenir à « nourrir la planète ». Il s'agit donc de relocaliser la production agricole pour une meilleure autosuffisance alimentaire et de diversifier les ressources pour diminuer les risques de famine.
FAO, conférence internationale sur l'AB et la sécurité alimentaire, Rome, mai 2007